Sentiment d’injustice

Une personne m’a raconté il y a quelques jours une situation où un de ses collègues se fait rabaisser en public par un autre salarié de l’entreprise. « J’ai ressenti un profond sentiment d’injustice. Je n’ai pas su quoi faire, et je trouve ça très frustrant. »

Je lui ai demandé pourquoi et il m’a répondu : « ça ne se fait pas de parler comme ça aux gens ». Je lui ai demandé ce qu’il aurait fait s’il avait été la cible de cette moquerie : « je lui aurais dit d’arrêter immédiatement ! »

Pourtant, ne pas intervenir, c’est respecter l’autonomie de la personne ciblée. C’est à elle d’agir, si elle le veut, comme et quand elle le veut. Y compris en demandant de l’aide. Nous n’avons pas passé de contrat avec elle pour prendre sa défense. Nous ne sommes pas non plus chargés par l’entreprise de faire respecter des règles.

Le sentiment d’injustice naît souvent de contrats imaginaires, cachés, ou flous dans leurs termes (parties prenantes, délais, responsabilités, sanctions). C’est ce qui explique je crois la « frustration », sorte de colère « bloquée ».

La colère est l’émotion qui sert à faire respecter nos frontières. Si le périmètre n’est pas clair, il devient impossible de l’utiliser. Nous tournons en rond, et souvent nous finissons par retourner cette colère contre nous : « j’aurais dû…, je suis nul de ne pas avoir… »

Quand nous éprouvons un sentiment d’injustice, vérifions si nous sommes directement concernés :
. Si oui, utilisons notre colère pour faire respecter nos frontières.
. Si non, notre colère s’éteindra probablement quand nous en prendrons conscience. Si elle persiste, il est temps de définir clairement le périmètre qui nous concerne.

Dans l’exemple cité, on peut aller voir l’auteur des moqueries, et lui dire : « je suis en colère contre tes propos de tout à l’heure. Je les ai trouvés rabaissants et je me suis senti complice en ne disant rien. Je te demande donc de parler positivement aux gens quand je suis présent. Est-ce que tu vas le faire ? »