Pardonner, c’est donner
Apr 08, 2025
« Le pardon est la seule réaction qui ne se borne pas à ré-agir mais qui agisse de façon nouvelle et inattendue, non conditionnée par l’acte qui l’a provoqué et qui par conséquent libère des conséquences de l’acte à la fois celui qui pardonne et celui qui est pardonné », écrit Hannah Arendt dans la Condition de l’homme moderne.
Dans un monde où chacun revendique le droit de se sentir offensé, la véritable originalité c’est peut-être celle du pardon. Le par-don, c’est un cadeau par-dessus l’offense, une rupture dans le cycle de la vengeance.
Le pardon, ça n’est pas la justice : si je te pardonne, je te dispense de ta peine. Je ne recherche pas à rétablir une forme d’équivalence, je te fais un don, gratuit, sans intervention d’une puissance de droit. Le pardon c’est entre toi et moi.
Le pardon, ça n’est pas l’oubli. Si j’ai oublié l’offense, ça n’est pas moi qui agit, c’est le temps. Il n’y a pas de rupture dans la continuité de notre relation, la blessure peut se rouvrir si jamais la mémoire me revient.
Le pardon, ça n’est pas l’excuse. Si je t’excuse, je minimise tes actes, j’en viendrais presque à dire que « ça n’est pas grave » - et donc je n’ai plus à te pardonner puisque « ça n’est rien ».
Le pardon c’est un acte totalement gratuit, sans arrière-pensée, sans motif caché. C’est un cadeau à l’autre, et c’est aussi un cadeau pour soi - c’est un geste qui manifeste ma liberté, et qui respecte la liberté de l’autre.
Et comme c’est difficile… Tant que nous restons dans le cycle de l’offense, nous sommes dans du connu, du prévisible. Pardonner, cela ouvre la porte à l’imprévisible – impossible d’être certains de ce qui va se passer après. Et notre cerveau déteste ça.
Le pardon, c’est un risque. Peut-être parce que dans un monde de l’échange, nous n’avons plus tellement l’habitude du don ?
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