« Ne refuse pas les signes de reconnaissance dont tu ne veux pas »

Quatrième règle toxique avec laquelle nous entretenons la pénurie des signes de reconnaissance (cf. mes quatre articles précédents) : ne pas refuser les cadeaux dont nous ne voulons pas.

Vous vous souvenez de la tante Emma qui à Noël nous offrait à tous la même paire de chaussettes moches, dans des tailles différentes (et jamais la bonne) ? Et qu’il fallait remercier pendant qu’elle faisait des mines en disant « je t’en prie, ça n’est rien – mais c’est de la qualité ! Elles te dureront des années ! » Alors qu’on avait une seule envie, les remettre dans son sac en lui disant que « non, vraiment, je n’aime pas ces chaussettes et en plus elles grattent ! »

Face à certains compliments, nous avons parfois cette envie de dire « non merci »…

. Les signes de reconnaissance « contrefaits » : ça commence bien, et ça finit en pique. Exemple : « Tu vois que tu comprends, quand tu veux ! ». « J’aime beaucoup ta robe, tu l’as trouvée en solde ? »

. Les signes de reconnaissance « en carton », totalement exagérés : « ta prez’ était ex-tra-or-di-nai-re. La salle était suspendue à tes lèvres ! » « Ta pizza est inouïe ! »

. Les signes de reconnaissance inadaptés : nous les avons entendus mille fois, ils sont usés jusqu’à la corde et nous serions tellement heureux d’en avoir d’autres... « Tu es tellement jolie ! » (Oui, et je sais réfléchir, aussi). « Tu es tellement fort » (Pas tout le temps, justement. Et j’aime aussi faire rire les gens. »)

Pour repérer tous ces cadeaux amers, c’est facile : nous avons un sourire un peu forcé, ou nous commençons à nous mettre en colère.

Une fois identifiés, il faut les rejeter ou demander une modification : « Est-ce que tu veux bien refaire ton compliment, en retirant le ‘quand tu veux’ ? » « Non, ma prise de parole n’était pas extraordinaire. Qu’est-ce que tu as aimé en particulier ? »

Sinon, nous ruminerons ces compliments qui « irritent », comme les chaussettes de la tante Emma…