Le temps de la créativité

Jul 23, 2025

Nous avons décidé qu’être efficace, c’était faire un maximum de choses en un minimum de temps. C’était vrai pour les machines fabriquées pendant la révolution industrielle, à la fin du XVIIIème siècle. C’est encore plus vrai pour celles de la révolution numérique, à la fin du XXème siècle. Et pour l’instant, c’est toujours le même modèle pour celles de l’IA et de l’informatique quantique.

Mais on parle toujours de machines, dont l’efficacité est, depuis le début, supérieure à la nôtre sur un point précis : la répétition durable de tâches simples. Nous les avons créées pour cela, et elles ont atteint des puissances que nous avons même du mal à nous représenter. Pourquoi nous « mesurer » sur ce terrain ?

Nous estimons encore notre productivité avec le même modèle numérique de « nombres de tâches effectuées en un temps donné » - alors que ce qui fait notre humanité c’est notre créativité. C’est-à-dire une rupture par rapport à l’existant, par rapport à ce qui est habituel.

Cal Newport rappelle deux points fondamentaux dans son livre Slow Productivity :

. Dans l’histoire de l’humanité, le rythme fondamental de nos vies a toujours comporté beaucoup de temps « off », et une grande diversité de tâches au cours de la journée comme au cours de l’année. Avec la révolution agricole et surtout la révolution industrielle, nous nous sommes engagés dans une vie professionnelle monotone et répétitive… en nous coupant de ce qui est notre rythme naturel. 

. L’étude des grandes découvertes montre que les génies scientifiques ou artistiques mettent des années pour achever une création, avec de grandes périodes d’apparente oisiveté… qui leur vaudraient sans doute un licenciement dans les entreprises actuelles.

La créativité humaine naît de la variété, et elle prend du temps. Courir dans la roue du hamster ne produit rien de neuf, et les machines nous battront toujours à ce triste jeu.

 

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