Le bonheur caché des vacances

Dans son court texte Aphorismes sur la sagesse dans la vie, Arthur Schopenhauer écrit : « En thèse générale, c’est notre nature animale qui est la base de notre être, et par conséquent aussi de notre bonheur. L’essentiel pour le bien-être, c’est donc la santé et ensuite les moyens nécessaires à notre entretien (…). L’honneur, l’éclat, la grandeur, la gloire, quelque valeur qu’on leur attribue, ne peuvent entrer en concurrence avec ces biens essentiels ni les remplacer (…) »

« En thèse générale »… et malheureusement pas dans la réalité. « Attacher beaucoup trop de valeur à l’opinion est une superstition universellement dominante ; qu’elle ait ses racines dans notre nature même, ou qu’elle ait suivi la naissance des sociétés et de la civilisation, il est certain qu’elle exerce en tout cas sur toute notre conduite une influence démesurée et hostile à notre bonheur. »

Comment nous libérer de cette « folie » ? Schopenhauer propose avant tout de nous éloigner un peu du contact de nos congénères. « L’influence toute bienfaisante d’une vie retirée sur notre tranquillité d’âme et sur notre satisfaction, provient en grande partie de ce qu’elle nous soustrait à l’obligation de vivre constamment sous les regards des autres et, par suite, nous enlève à la préoccupation incessante de leur opinion possible : ce qui a pour effet de nous rendre à nous-mêmes. »

C’est un des effets bénéfiques, souvent négligé, des vacances. Elles réduisent naturellement nos contacts, professionnels bien sûr, mais aussi personnels parce que nous sommes souvent partis « ailleurs ». À une condition : ne pas nous remettre sous le regard et l’opinion des autres au travers des messageries pros et des réseaux sociaux.  

« De cette façon, nous échapperons également à beaucoup de malheurs réels dont la cause unique est (…) cette déplorable folie ; il nous restera aussi la faculté de donner plus de soin aux biens réels que nous pourrons goûter alors sans en être distrait. »