L’excitation, face cachée de l’angoisse

Vous avez une prise de parole importante devant des personnes importantes. Une réunion tendue avec des managers remontés comme des coucous suisses. Un entretien avec votre boss sur un sujet « touchy ». Vous y pensez depuis plusieurs jours (au moins), dans les transports, dans votre douche, au moment de vous endormir. À chaque fois votre monologue intérieur prend le même aiguillage maléfique : « et si… ? » : vous faites la liste de tout ce qui pourrait MAL se passer… et vous empilez les angoisses.

Pour contrer ce processus, nous utilisons souvent deux techniques inefficaces : 

1. Minimiser l’enjeu : « calme-toi », « c’est pas grave si tu te plantes », « il n’y a pas mort d’homme » … Ça ne résout rien, entre autres parce que notre cerveau entend des palanquées de mots négatifs (échec, mort…)
2. Anticiper : si je prévois tout (jusqu’au « worst case scenario », bien sûr), alors je pourrais me détendre. Problème : il est impossible de tout prévoir et nous continuons la spirale de stress.

Il y a une solution beaucoup plus efficace : transformer l’angoisse en excitation. Dans une expérience célèbre réalisée en 2013 à la Harvard Business School, Alison Wood Brooks demandait à des personnes de dire à voix haute « I am excited » avant de se lancer dans une activité angoissante. Elle a constaté qu’avec cette simple phrase les participants à un karaoké chantaient plus juste que ceux qui disaient « I am calm » ou « I am anxious ». Côté prise de parole en public, les membres de l’équipe « I am excited » avaient été jugés plus convaincants, plus confiants, et plus compétents.

Son interprétation : avec cette seule phrase nous focalisons notre attention sur les gains plutôt que sur les risques. Quand vous vous angoissez à propos d’un événement, et que vous essayez « d’anticiper tout ce qui pourrait partir de travers », changez d’angle. Dites « je suis excité » et faites la liste de tout ce que vous pourriez obtenir : joies, liens, opportunités.