Humilité toxique

Quand je demande aux personnes avec qui je travaille de me donner leurs points forts, beaucoup d’entre elles me répondent à quel point il leur est difficile de parler d’elles.

Je leur propose alors de me dire ce sur quoi elles « doivent progresser », ou bien quels sont leurs « défauts »… et là j’ai du mal à les arrêter.

Quand une personne du groupe leur fait un compliment, je vois combien il est difficile de l’accepter. Idem, la raison invoquée : « c’est difficile d’accepter un retour ».

Je demande alors : « et est-ce que tu serais ok pour recevoir une critique ? » Réponse : « oui, bien sûr, surtout si elle est constructive ».

Vous voyez le paradoxe ? Ce qui est difficile, ça n’est pas de parler de soi, ou qu’on parle de nous. Ce qui est difficile, c’est d’accepter des retours POSITIFS. Nous les refusons… tout en étant apparemment friands des retours négatifs !  

C’est conduire sa vie en refusant de regarder la moitié de la route. En l’occurrence, c’est nous focaliser uniquement sur les obstacles : le fossé, les arbres sur le bord de la route, la voiture garée. Et du coup conduire tout droit vers les difficultés.  

Reconnaissons nos qualités, acceptons les retours positifs au moins aussi facilement que les négatifs. La fausse humilité, qui consiste à ne prendre que le côté sans beurre de la tartine, c’est malhonnête et injuste.