« Hâte-toi lentement »
Mar 04, 2025
Beaucoup d’entreprises où je passe sont engagées dans des transformations. Et peut-être mon regard est-il faussé par le fait qu’on m’appelle justement dans ces situations, où il est essentiel d’utiliser positivement ses émotions, à entretenir sa motivation, à communiquer positivement et à convaincre…
Une des choses que j’entends le plus en fin de séminaire, c’est : « ça fait du bien de lever la tête du guidon », de « faire un pas de côté ». Comme si les managers se rendaient compte, pendant deux jours où ils ne sont plus responsables du rythme, à quel point ils sont pris dans des déferlantes où ils plongent en espérant rejoindre – un jour – des eaux plus tranquilles.
Mais depuis le début de ma carrière, il y a plus de 20 ans, le rythme n’a cessé de s’accélérer. Je me demande parfois si ces transformations ont encore un début et une fin, ou si ça n’est pas désormais un processus continu, dans un monde en mutation constante et toujours plus rapide. Est-ce qu’il est possible de continuer cette course en avant ?
Les Latins avaient cette maxime « festina lente », « hâte-toi lentement ». Il paraît que l’empereur Auguste en avait fait sa devise : il pensait que pour un chef, la prudence valait mieux que la témérité. Courir après le changement, c’est risquer de le subir, et de ne pas durer. Dans « Le lièvre et la tortue », La Fontaine dit de celle-ci qu’elle « se hâte avec lenteur »… et nous connaissons la fin de la fable.
C’est aussi risquer de faire subir notre impatience aux personnes autour de nous. Quand, avec les meilleures intentions du monde, les managers jugent que leurs collaborateurs « ne vont pas assez vite », ils confondent « aider à grandir », ce qui est une magnifique ambition, et « faire grandir, un peu contre ton gré, mais c’est pour le bien de tous, et tu me remercieras plus tard ».
On ne peut pas faire pousser une plante plus vite en tirant sur ses branches, et les « marches forcées » doivent rester l’exception.
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