Fausses colères, vraies peurs
Mar 11, 2025
Je mange mon sandwich dans un square, un enfant se casse la figure du haut de son toboggan (sans blessure, vivent les sols en caoutchouc). Une femme (j’imagine sa mère) arrive, très en colère, le relève en criant « j’en ai assez, ça fait cinquante fois que je te dis de faire attention ! »
J’attends dans le lobby d’une grande entreprise, une personne me reconnaît, vient me voir, et me dit sur un ton très énervé : « ah tu sais, la promotion qu’ils m’avaient promise ? Et ben je l’ai eue. Mais pas d’accompagnement, pas de formation, rien ! Lâché en rase campagne ! Débrouille-toi, et quand tu te seras bien planté, faudra pas te plaindre ! »
Dans les deux cas, des peurs masquées sous la colère. La mère a eu peur que son enfant se blesse, mais elle pense qu’il vaut mieux montrer une « sainte » colère pour que son enfant arrête de « faire n’importe quoi ». Le manager a peur d’échouer parce qu’il pense ne pas avoir toutes les informations et/ou compétences, et il bombarde sa rage depuis des semaines en réunions ou à la machine à café.
Le problème : la colère est faite pour nous indiquer que quelqu’un a franchi nos limites, et les faire respecter. La peur est là pour nous indiquer un risque, et soit nous mettre en sécurité, soit demander de l’aide (ou les deux).
S’interdire l’émotion authentique et utiliser un sentiment « parasite », c’est risquer de ne pas obtenir ce dont nous avons vraiment besoin. L’enfant se dira juste qu’il a fait une bêtise au lieu de penser que sa mère a eu peur – ce qui pourrait lui faire comprendre plus efficacement qu’il y a un danger. Le manager risque d’être qualifié de « jamais content » et il verra ses collègues s’écarter progressivement – l’exact opposé de ce dont il a besoin.
Quand nous constatons que nous sommes dans des émotions très fortes, et que rien ne change, demandons-nous si cette émotion est juste dans la situation ou si nous ne sommes pas en train de nous en interdire une autre.
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