Curiosité
Jun 16, 2025
Notre cerveau est une machine à produire de la cohérence. Il scanne sans cesse notre environnement pour y détecter des schémas récurrents, qu’il utilisera ensuite nous permettre de conduire nos vies en économisant de l’énergie. Problème : plus nous vieillissons, plus nous renâclons à faire bouger ces « patterns ». Tout ce qui confronte trop fortement notre cadre de référence est rejeté.
Je me méfie de cette tendance chez moi et j’ai deux règles pour rester curieux. La première : si tu es tout seul à penser une chose, et que le monde entier pense le contraire, il est à peu près sûr que c’est toi qui te trompes. La seconde : si le seul outil que tu connaisses est un marteau, tout aura une tête de clou, et tu feras des dégâts.
J’ai appris la première règle pendant une course d’orientation à l’armée. Je me souviens très clairement de mon rire sarcastique en voyant toutes les lampes frontales sur la piste de gauche, pendant que je dévalais celle de droite en pensant :« ah les nuls ! » Quand je suis rentré bon dernier au régiment, à 5 heures du matin, sous le regard hilare de l’adjudant, je me suis juré que ça me servirait de leçon.
Désormais je m’efforce de comprendre ce que pensent les autres avant de dire qu’ils n’y connaissent rien.
La deuxième règle me pousse à remettre « en jeu » régulièrement ce que je crois savoir. En 2011, j’ai publié un bouquin sur la communication, avec tout un chapitre sur les émotions. J’y affirmais entre autres, à la suite des recherches de Paul Ekman, que certaines émotions de base se montraient de la même manière sur tous les visages humains. Problème : ces recherches, incontournables pendant plus de 40 ans, sont aujourd’hui fortement remises en question, mais j’aurais continué à les utiliser si je n’avais pas construit l’an dernier une nouvelle formation sur les émotions.
Aujourd’hui, quand je suis SÛR de ce que je raconte, je repense à ce chapitre de mon bouquin… et je vérifie (pas sur chatgpt).
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