« Piqûre de rappel »

Jun 15, 2025

Quand on répète une mesure, un message, des consignes, on parle souvent en entreprise de « piqûre de rappel ». Comme s’il s’agissait de prolonger l’efficacité d’un vaccin… et que les explications fournies une deuxième fois permettaient d’« immuniser » une personne ou une équipe. Contre des risques physiques (règles de sécurité), l’ignorance (formation complémentaire), des sanctions financières (obligations comptables)… 

Je n’aime pas beaucoup cette expression. D’abord parce que je déteste les piqûres. Les séances de vaccins sont rangées dans ma mémoire sur l’étagère « traumatismes », et pour ne rien arranger, le médecin militaire qui nous piquait à la chaîne avec le vaccin contre la fièvre jaune avant un départ en Guyane m’avait percé une veine et je m’étais retrouvé avec un bras gros comme ma cuisse.

D’ailleurs, je suis toujours très étonné quand, à la fin d’une formation, j’entends les participants dire avec un grand sourire : « ça fait du bien une petite piqûre de rappel ». À croire qu’ils ont effacé leur mémoire à 12 ans, ou qu’ils ne vont jamais chez le dentiste.

Plus sérieusement, je trouve que parler de « piqûre de rappel » nous rend assez passifs dans le processus d’apprentissage et de mémorisation. Quand on nous colle un vaccin, nous n’avons pas grand-chose à faire : attendre que la fièvre et la raideur dans l’épaule finissent par passer, et laisser les globules blancs s’activer de manière invisible. 

Apprendre, comprendre, mémoriser, cela demande un effort, cela passe par des essais et des erreurs, qui vont nous permettre de développer de la myéline et de nouveaux chemins neuronaux. Pour ancrer une nouvelle habitude, changer durablement notre cadre de référence et nos comportements, il faut plus qu’une simple piqûre de rappel. Voilà pourquoi je préfère parler de « session d’ancrage », ou de « deuxième couche d’enduit ».

 

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