Contourner élégamment les blocages

J’ai eu il y a quelques temps un groupe particulièrement réfractaire. Chaque fois que je proposais quelque chose (information, technique, point de vue, opinion) différente de ce que les personnes connaissaient, le résultat était un « non » plus ou moins direct. « Mouais… », « bof », « ça m’étonnerait », moues diverses, échanges de regard agacés et supérieurs.

J’ai l’habitude de ce genre de réactions en début de formation. J’envoie une énergie très forte, et j’aime provoquer avec des positions tranchées pour avoir des réactions, de la surprise, des questions… et donc aussi des objections.

Mais avec ce groupe, le barrage ne cédait pas. Très peu de sourires, des questions qui arrivent avec leur réponse (« nous sommes bien d’accord sur le fait que… », « est-ce que tu es en train de dire que… ? », « tu ne veux quand même pas dire que… ? ») et des blagues de plus en plus critiques, acides.

Heureusement, à un moment j’ai fait un pas de côté. Plutôt que de continuer à mettre de l’énergie pour faire tomber la barricade (en continuant à la renforcer), j’ai décrit ce qui était en train de se passer – vu de ma fenêtre. « J’ai l’impression que chaque fois que je vous propose quelque chose, vous commencez par répondre ‘non’, pour ensuite dire ‘peut-être’, et parfois finir par dire ‘ok’. Est-ce que vous voyez le truc de la même manière ? Et si oui, est-ce que vous avez une idée de comment on pourrait faire autrement ? »

Les personnes sont restées silencieuses, elles ont souri pour la plupart, et une a même franchement éclaté de rire en disant : « est-ce que tu veux nous dire qu’on est butés ? » J’ai ri à mon tour et répondu : « moi y compris ! » L’ambiance s’est ensuite nettement assoupli.

Quand un échange ne fonctionne pas, sortez du contenu, et parlez du processus. Décalez par rapport au fond, décrivez comment vous voyez la forme, comme si vous étiez un observateur extérieur. Et proposez à vos interlocuteurs de faire eux aussi un pas de côté.