« Vous n’avez pas le pouvoir de me déranger »

À la fin de chaque formation, je propose aux participants de m’envoyer un mail s’ils ont des questions. Un jour, une personne me dit : « je ne sais pas si j’oserai, je ne veux pas te déranger ». Et j’ai répondu du tac au tac : « rassure-toi, tu n’as pas ce pouvoir ! »

Ce qui était sorti comme une blague correspond en fait à une conviction profonde. Je ne crois pas qu’on puisse être dérangé si on n’accepte pas de l’être. Je décide si je lis un mail, si j’y réponds, à quel moment j’y réponds. Je décide de décrocher mon téléphone, d’écouter mon répondeur, de lire mes messages.

Tout le monde se plaint de l’omniprésence des mobiles, mais il y a 30 ou 40 ans, quand votre téléphone sonnait, il était impossible de savoir si l’appel était important ou pas ! Aujourd’hui, on peut l’empêcher de sonner, ou lui demander de ne sonner que pour certaines personnes et/ou à certaines heures. Et on peut aller se promener sans lui, en sachant qu’il stockera toutes les infos importantes.

Ensuite, c’est encore moi qui décide de ce que je dois faire de ces infos. Nous sommes de très mauvaise foi quand nous accusons les autres de nous « pomper l’air » ou de nous « harceler » : ce sont des mots souvent très exagérés, et surtout c’est nous qui avons décidé les laisser entrer…

Nous avons beau ronchonner, ça nous apporte forcément plus de plaisir (même s’il est acide) que de ne rien faire. Si nous devions nous mettre en colère, ce serait contre notre faiblesse plutôt que contre les demandes de nos relations, vous ne pensez pas ?

Je fais en général des réponses concrètes, précises, aux questions que je reçois. Mais parfois je m’arrête à un « je ne sais pas », ou bien « ça n’est pas dans le contrat que j’ai avec ton entreprise » (comme avec cette personne qui voulait négocier au mieux l’achat de son appartement). Sans râler, ni m’excuser. Et en me rappelant que je ne suis pas responsable de la manière dont les autres interprètent mes réponses.