Systèmes toxiques

En moins de deux semaines j’ai entendu trois histoires de cadres dirigeants avec des comportements de harcèlement qui avaient fini par être licenciés. À chaque fois une chose m’a frappé : le fait que le problème était considéré comme réglé par le départ du coupable.

Ce que m’ont appris plus de vingt ans de formation et de coaching en entreprise, c’est que ces comportements n’arrivent jamais par hasard. Il faut que le système auquel appartient cette personne les ait tolérés pendant un temps plus ou moins long, jusqu’à ce qu’une frontière de trop soit franchie, jusqu’à un point de bascule.

Les quelques journées de formation que j’ai suivies en systémique m’ont appris que le « bouc émissaire » a une utilité fondamentale pour une organisation : elle lui permet de continuer à fonctionner, sans remettre en question ses règles implicites – celles qui ont permis justement que des problèmes graves puissent apparaître. Au regard des règles « cachées », non dites ou non écrites, du système, ces problèmes n’en sont pas…

Je ne suis bien sûr pas du tout en train de remettre en question le licenciement de personnes aux comportements interdits. Je constate simplement que si l’organisation ne fait pas l’effort de faire apparaître ces règles implicites, puis d’écrire de nouvelles règles, et enfin d’obtenir un engagement collectif sur ce nouveau cadre sain, il est fort probable que les dysfonctionnements se reproduiront à plus ou moins brève échéance.