« Pseudo-productivité »

Cal Newport est l’un des penseurs les plus originaux – et l’un des plus clairs – du monde du travail actuel. Dans son livre Slow Productivity : The Lost Art of Accomplishment Without Burnout, il souligne l’un des problèmes fondamentaux de l’économie actuelle : vouloir mesurer la productivité du « travail intellectuel » en utilisant le même cadre de référence que pour les productions matérielles.  

Les entreprises recherchent des indicateurs objectifs, comme dans l’industrie ou l’agriculture, pour savoir qui sont les « meilleurs travailleurs ». Faute de mieux, on valorise le nombre d’heures de présence, le nombre de mails traités, le temps de réponse, le nombre de réunions, le nombre d’articles publiés…

In fine émerge une « pseudo-productivité » : « l'utilisation de l'activité visible comme moyen principal d'approximation de l'effort productif réel. » Les conséquences de cette illusion sont dramatiques :
. Pour être bien vus par leur hiérarchie, les collaborateurs accumulent des tâches à très court terme, empilent les réunions, checkent leur mails non-stop, modifient à l’infini des documents inutiles… Et sont au bord du burn-out collectif.
. Le travail vraiment créatif, qui prend du TEMPS, est sacrifié sur l’autel de cette pseudo-productivité
. Le point de rupture sera très vite atteint, puisque ces tâches répétitives, basiques et fragmentées sont réalisables par l’IA avec une rentabilité bien meilleure.

Cal Newport pousse pour l’avènement d’une « slow productivity », qu’il définit comme « une philosophie pour organiser les efforts de travail de la connaissance de manière durable et porteuse de sens, basée sur les trois principes suivants :
1- Faire moins de choses
2- Travailler à un rythme naturel
3- Être obsédé par la qualité. »

Je vous recommande chaudement ce livre si vous en avez ras-le-bol des discours creux sur le « manque de sens » dans les entreprises. Les analyses sont brillantes, et les solutions proposées simples à appliquer.