Prendre la parole à plusieurs sans se saboter

La spécialisation des fonctions a une conséquence en matière de communication : en général, on prend la parole accompagné. Pour un Codir : la Big Boss ouvre le bal des directeurs. Pour un Copil : le chef de projet passe la parole aux « spécialistes ». Pour une réunion : la manager s’appuie sur ses n-1.  

Premier problème : c’est trop souvent informatif – explicatif – démonstratif (cf mes trois précédents articles). Autre problème, largement méconnu : chaque participant va dans une direction différente.

Exemple classique : le patron « rappelle » le contexte et le sens, chaque directeur « explique » sa stratégie sur l’année passée et « présente » les axes sur l’année à venir (dans cet ordre). Résultat : des transitions artificielles, une impression assez bancale. Chaque prise de parole est un cube posé à côté des autres, sans dynamique d’ensemble.

Autre exemple : le directeur commercial « rappelle » au client sa demande, explique les trois « grands piliers » de la réponse, puis chaque spécialiste « développe » sa partie. Résultat : une surenchère d’expertises, une impression d’usine à gaz.

Prendre la parole à plusieurs ne fonctionne que si le groupe s’est donné un objectif unique, « ce qui nous rendrait collectivement joyeux à la fin de notre réunion ». Ensuite, chaque orateur va définir son objectif par rapport à cette cible d’ensemble, et chaque prise de parole doit représenter un pas dans cette direction (on supprime celles qui sont inutiles…)

Exemple : une équipe veut « donner envie » à une autre de s’engager dans un projet. Le leader de l’équipe A annonce cet objectif, liste les leviers possibles, vérifie qu’il n’y en a pas d’autres, et annonce le plan des prises de parole. Puis chaque speaker va « actionner » un de ces leviers, avec en intro et en conclusion le lien avec l’objectif final.

Si vous allez tous dans la même direction, vous serez plus puissants à plusieurs. Sinon, vous finirez par vous tirer dans les pattes.