« N’accepte pas les signes de reconnaissance que tu désires »

Deuxième règle toxique avec laquelle nous entretenons la pénurie des signes de reconnaissance (cf. mes deux précédents articles) : refuser, directement ou indirectement, les cadeaux que nous envoient les autres.

Exemples au boulot :

- Très bon travail, Aurélien !
- Tu sais, c’est pour cela que tu me payes… 

- Merci pour la réussite de cette mission, Antoinette !
- Oh, tu sais, c’est un travail d’équipe…

- J’aime beaucoup le rendu de la vidéo
- Dis-moi plutôt ce que je pourrais améliorer !

Dans la vie privée :

- J’aime beaucoup ton pantalon !
- Oh, c’est une vieillerie que j’ai retrouvée au fond d’un placard…

Enfants, on nous a parfois appris qu’il valait mieux ne pas nous réjouir trop vite. « Tu as progressé en maths, mais ça ne remonte pas encore en physique ». « Tu as de bonnes notes en histoire, mais il suffit d’apprendre par cœur ».

Les « bonnes » manières sont bourrées de refus des cadeaux : « Merci / De rien » (J’annule ton merci). « Merci pour ce dîner / Merci surtout à toi d’être venu » (Je ne prends pas ton cadeau, mais toi prends le mien).

Nous avons un besoin vital de faire le plein, et arrivés à la pompe, nous préférons trop souvent verser l’essence sur le sol. Pas étonnant que nous soyons rapidement en panne sèche. Et comme nous ne pouvons pas continuer « à vide », nous finissons par rechercher des signes de reconnaissance… négatifs. Ce sera toujours mieux que rien : tout, plutôt que l’indifférence.

Exemple classique : je refuse les retours positifs sur mon travail, les autres arrêtent de m’en envoyer. Je me charge d’une quantité délirante de boulot en espérant de manière pas tout à fait consciente qu’on finisse par reconnaître mon engagement. En fait, on dira que je suis nerveux et surcontrôlant.

Quand nous recevons un cadeau, apprenons à dire simplement « merci », ou « avec plaisir ». Nous signalons à nous-mêmes et aux autres que c’est bon pour nous. Et il y a de fortes chances que cela se reproduise.