Joyeusement médiocre

J’ai longtemps renâclé à lire ce livre, parce que son titre me paraissait un peu trop racoleur. Mais le bouquin est bien fait, drôle et libérateur. « The Subtle Art of Not Giving a F*ck » (en français « L’Art subtil de s’en f… »), par Mark Manson, percute un certain nombre de croyances toxiques de notre époque, au premier rang desquelles l’idée que nous devrions tous aspirer à un destin exceptionnel.

« Être ‘moyen’ est devenu la nouvelle définition de l’échec. (...) Beaucoup de gens ont peur d'accepter la médiocrité parce qu'ils pensent que s'ils l'acceptent, ils n'atteindront jamais rien, ne s'amélioreront jamais et que leur vie n'aura pas d'importance. »

Conséquence : certains font des efforts immenses pour être à part, « spéciaux », même si cela passe par se présenter comme le plus misérable du groupe.

« Lorsque la norme de réussite d'une culture consiste à ‘être extraordinaire’, il vaut mieux se situer à l'extrémité inférieure de la courbe en cloche qu'au milieu, parce qu'au moins là, on est encore spécial et on mérite de l'attention. De nombreuses personnes choisissent cette stratégie : prouver à tout le monde qu'elles sont les plus malheureuses, les plus opprimées ou les plus victimes. » 

Comment en sortir ? Revenir à un régime sain… celui de la médiocrité joyeuse.

« La santé émotionnelle, comme la santé physique, passe par la consommation de légumes, c'est-à-dire par l'acceptation des vérités fades et banales de la vie : des vérités telles que (…) ‘la grande majorité de votre vie sera ennuyeuse et sans intérêt, et ce n'est pas grave’. Vous apprécierez de plus en plus les expériences fondamentales de la vie : le plaisir d'une simple amitié, de créer quelque chose, d'aider une personne dans le besoin, de lire un bon livre, de rire avec quelqu'un qui vous est cher. Cela semble ennuyeux, n'est-ce pas ? C'est parce que ces choses sont ordinaires. Mais peut-être sont-elles ordinaires pour une raison : parce qu'elles sont ce qui compte vraiment. »