« Je ne veux pas imposer de choses aux gens »

Feb 12, 2025

Dans vos réactions à mon post d’hier sur l’expression « n’hésitez pas » il y avait une tendance intéressante : la « politesse », l’envie de laisser les autres décider, de leur laisser de l’air, de la liberté.

Dire « n’hésite pas », ce serait plus « acceptable » que d’utiliser le verbe vouloir ou l’impératif. Au fond, certains auraient peur de paraître trop intrusifs, et ne veulent pas « imposer » des choses aux autres.

Pourtant, vouloir ça n’est pas exiger.  

Si je dis « ce que je veux c’est… », je n’impose pas plus ma volonté qu’avec la phrase « ce que je te demande ». Il n’est donc pas nécessaire de diminuer votre intention avec le fameux « je t’invite à… » (qui en général est juste une demande déguisée).

Utiliser l’impératif, ça n’est pas non plus exiger. Si je dis « envoie-moi le rapport quand tu l’auras fini », je ne suis pas plus « autoritaire » que si je dis « passe prendre l’apéro ce soir ». Tant que j’utilise l’impératif sans m’accorder plus de valeur qu’à l’autre (par exemple dans « ça suffit les plaintes, mettez-vous au boulot »), c’est un mode grammatical tout à fait acceptable, et souvent très utile.

Dans certains contextes, nous interprétons l’impératif comme un ordre critique, dur, qui nous rappelle certains entendus dans notre enfance (« va ranger ta chambre ! », « mets les mains sur la table ! ») Mais justement : aujourd’hui, quand nous recevons ce genre d’ordre, rabaissant, nous pouvons dire « non », « je t’interdis de me parler comme cela ». Nous sommes adultes.

Quand vous mettez trop de « formes » pour faire une demande, pour dire ce que vous voulez, c’est vous-même que vous ne prenez pas assez au sérieux, c’est vous-même que vous privez de liberté.

Dites ce que vous voulez, les autres feront probablement la même chose. Et au lieu de négocier en se basant sur les contraintes, nous partirons de ce que chacun veut. Vous verrez, c’est beaucoup plus simple, et nettement plus joyeux !

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