« Elle est géniale »

Parfois nous nous laissons emporter dans nos compliments. Au lieu de « tu fais un très bon boulot », nous affirmons : « tu es la meilleure ». Au lieu de « j’aime beaucoup sa chaleur, l’attention qu’il porte aux autres », nous secouons la tête en assénant : « c’est-un-a-mour ! » Et plutôt que « je sais que je peux compter sur toi pour faire les choses en temps et en heure », nous nous exclamons « t’es une MACHINE ! »

Nous vivons dans des habitations collectives, croisons des milliers de visages dans les transports en commun, travaillons dans des organisations immenses, où les relations sont la fois physiques et numériques. Pas très étonnant que, dans cet océan d’interactions, nous ayons besoin parfois de mettre nos compliments en gras, italique et majuscules.

Mais cela peut aussi avoir des conséquences négatives. 

. L’escalade : si vous dites à quelqu’un qu’il est « génial » quand il a fait un bon boulot, que direz-vous lorsqu’il s’agira d’un boulot d’encore meilleure qualité ?

. L’indigestion : il est parfois difficile d’accepter les compliments. Face à ces freins intérieurs, certaines personnes préféreront un compliment ciblé, calibré, appuyé sur des éléments concrets, plus facile à intégrer. Un peu comme un repas simple est plus facile à digérer qu’un buffet « tout compris ».

. La méfiance : d’autres personnes iront un cran plus loin, et se méfieront de vos intentions. « Il en fait trop », « ça n’est pas sincère », « méfie-toi des gens trop gentils ».

. L’aveuglement : si vous répétez que quelqu’un est « un amour », votre cerveau va occulter tout ce qui pourrait remettre en question votre croyance. Quand votre « héroïne » aura des comportements négatifs, vous risquez de prendre sa défense en répétant « elle est fatiguée », ou « tu ne connais pas les gens dans son équipe ! » 

Les jugements exagérément positifs peuvent poser autant de problèmes que les jugements exagérément critiques. Dans les deux cas, le verbe « être » est le plus souvent un piège.