« C’est d’une violence inouïe ! »

Une personne qui lit régulièrement ces chroniques m’a signalé entendre de plus en plus l’expression « violence inouïe », soit pour qualifier « les propos d’une autre personne (il m’a dit bla bla bla, c’était d’une violence inouïe) », soit « pour un comportement (il m’a ignoré, c’était d’une violence inouïe) ». 

Sa remarque, très juste, est que « si violence inouïe devient la norme pour qualifier une phrase contrariante en réunion, alors quelle expression faut-il aller chercher pour désigner les violences telles que les zones de guerre, les agressions sexuelles, les violences physiques…? »

Je pense que le mot de « violence » doit être réservé à la violence physique. Parce que les conséquences d’un coup sont les mêmes sur tous les organismes, alors que nous avons le pouvoir de choisir notre émotion, notre pensée et notre réaction face à une insulte.

La même phrase ou le même comportement inadmissible ne sera pas « pris » de la même manière par des personnes différentes. De même, nous ne les recevrons pas de la même manière à des moments différents, ou s’il nous sont envoyés par des personnes différentes.

Les conséquences de la violence physique ne varient pas selon les personnes ou les moments.

Utiliser le même mot, même avec un adjectif différent (violence « verbale », violence « morale », violence « physique ») c’est confondre des réalités très différentes, et donc confondre aussi les manières d’y répondre.

Face à des comportements inadmissibles, interdits, condamnables, méprisants, j’ai le pouvoir d’utiliser ma colère, pour m’y opposer et pour faire une demande concrète. Si ma demande n’est pas acceptée, j’ai le pouvoir de réduire ou de mettre fin à la relation. Et si c’est en entreprise, de dénoncer ce comportement à des autorités pour qu’il soit sanctionné.

Face à des menaces pour mon intégrité physique, il ne s’agit plus de parler. Il faut se mettre en sécurité au plus vite et faire intervenir les forces de l’ordre et la justice.