Le cadeau de l’empathie vraie

Il traîne encore un peu partout l’idée que l’empathie « c’est la capacité de se mettre à la place de l’autre ». C’est-à-dire de comprendre « de l’intérieur » les pensées, le point de vue de l’autre, et de ressentir ses émotions jusqu’à « s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent ». Ce sont des définitions fausses et qui conduisent à des impasses.

Faire preuve d’empathie, c’est vouloir comprendre le cadre de référence de l’autre tout en restant conscient que notre vision du monde est différente et le restera. Entre nous, une double frontière ne pourra jamais être franchie : celle, visible, de notre peau, et celle, invisible, de notre histoire. En particulier, je peux comprendre tes émotions, je ne pourrai jamais les ressentir à l’identique dans la même situation, ou lorsque tu me la décris.

C’est la conscience de cette distance qui nous rendra vraiment curieux, et nous incitera à questionner en profondeur. En évitant les raccourcis toxiques : « je sens ce que tu ressens, je l’ai déjà vécu, je sais ce qu’il te faut. »

Comme un levier a besoin d’un point d’appui décalé, c’est cette distance qui nous permet d’apporter une aide efficace (s’il y a une demande et que cela rentre dans nos compétences). Si j’étais « dans les chaussures de l’autre », que je ressentais ce qu’il ressent et que je pensais ce qu’il pense, comment est-ce que je pourrais l’aider à changer de posture ? Imaginez un psychothérapeute qui, chaque fois que vous lui décririez une difficulté ou une douleur, vous répondrait : « Ah ! Je sais ce que vous ressentez ! Il m’arrive exactement la même chose ! »

L’empathie, c’est la capacité à établir un lien de confiance - en montrant un intérêt sincère et profond… tout en gardant ses distances.