« Il n’y a pas de mauvais public »

Feb 22, 2025

Il y a un peu plus de 15 ans, je jouais dans une comédie intitulée Tante Olga, une interprétation assez déjantée des pièces de Tchekhov. La pièce avait un joli succès, et nous allions vers la 100ème, quand j’ai pris une leçon que je n’ai jamais oubliée.

La veille, tout s’était bien passé, les rires s’étaient déclenchés aux moments prévus et les applaudissements à la fin avaient été très chaleureux. J’étais donc entré en scène confiant – trop confiant. Parce que ce jour-là, nous avons vécu ce qu’on appelle « une banquise ». Pas de rires, un long silence d’une heure et demie et des applaudissements… polis.

En revenant en coulisses, je jette mon costume sur une chaise en criant : « public de m… ». Et là, une des deux comédiennes principales passe à côté de moi et me dit simplement : « tu sais, il n’y a pas de mauvais public, il n’y a que de mauvais comédiens ». Dit autrement : commence par te poser la question de ce que tu peux changer de ton côté au lieu de rejeter l’intégralité de la responsabilité en face.

Aujourd’hui, quand j’ai l’impression que je n’arrive pas à créer de lien avec un groupe ou une personne, je me demande tout de suite ce que je pourrais faire différemment, et je teste une ou deux variations.

Le plus simple étant encore de demander aux personnes en face de moi :

. Si elles sont ok avec la manière dont j’anime (et parfois je me rends compte qu’en fait tout allait bien !)
. Ce qu’elles veulent que je garde ou que je change dans ma manière de faire

Je trouve que cela s’applique aussi en entreprise, par exemple dans les relations en interne (« je n’ai pas trouvé le bon mode de communication » plutôt que « il ne comprend rien ») ou dans les relations commerciales (« je n’ai pas assez creusé ce qu’elle veut » plutôt que « elle ne veut pas bosser avec nous »).

Il ne s’agit pas de nous rendre responsable de TOUT ce qui ne fonctionne pas. Mais d’utiliser ce sur quoi nous avons le plus de pouvoir : nous-mêmes.

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