« Il faut prendre son mal en patience »

Feb 14, 2025

Si vous suivez ces chroniques quotidiennes, vous avez dû remarquer que je suis un grand adversaire des formules passives. Celles qui nous mettent en objet (« ça m’a percutée »), qui nous font croire que les autres ont du pouvoir dans notre for intérieur (« il m’a mis en colère »), celles qui impliquent que nous ne sommes pas aux commandes de nos vies (« j’ai la chance de… »).

J’ai entendu cette semaine une autre expression qui me paraît bien peu aidante. La personne décrivait une situation très désagréable, physiquement et moralement, et quand je lui ai demandé ce qu’elle allait faire pour régler le problème, elle m’a répondu avec un petit sourire triste : « oh tu sais, il n’y a pas grand-chose à faire, il faut juste prendre son mal en patience. »

Comme si dans la vie, nous devions accepter une quantité minimale de difficultés ou de souffrances, le faire avec la meilleure grâce possible, et attendre que ça passe.

Je comprends bien que notre chemin n’est pas toujours agréable, joyeux, heureux. Mais ce qui m’étonne c’est que face à ces difficultés on pense que la seule solution soit de s’asseoir et de regarder l’eau couler. D’abord, parce que j’ai toujours pensé que pour changer de direction, éviter un obstacle, il valait mieux être en mouvement et profiter de l’énergie cinétique. Ensuite, parce que je crois profondément que nous sommes co-responsables de ce qui nous arrive, et que si nous n’agissons pas, il est fort probable que les mêmes événements se reproduiront.

Il est irréaliste et vain de nous rebeller, de taper du pied et de menacer les étoiles. D’accuser le sort de s’acharner sur nous chaque fois que nous rencontrons une difficulté. Geindre est une autre forme de passivité. Mais je ne crois pas que faire « contre mauvaise fortune bon cœur », et d’attendre que ça passe, soit plus efficace.

 

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