Publié le Nov 12, 2022

Vos trois grandes difficultés en matière d’émotions

Plus de 100 personnes ont pris le temps de répondre à la question que je vous ai posée la semaine dernière : « en matière de gestion des émotions, quelle est votre plus grande difficulté ? » C’est bien plus que ce que j’imaginais, et je vous en remercie beaucoup. (J’espère bien sûr avoir d’autres retours – je vous remets le lien vers mon enquête ici)

J’ai lu en détail toutes ces réponses, et j’ai été frappé par leur cohérence : des personnes d’horizons très différents, avec des âges et des parcours très variés, se retrouvent autour de trois grandes difficultés. Mon but aujourd’hui est de vous les présenter et de vous montrer ce qui est selon moi leur origine commune.

Vos trois grandes difficultés en matière d’émotions - Aurélien Daudet

« Quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe ? »

 

Première difficulté : arriver à « décoder » les émotions. Parfois le problème est au niveau du ressenti, d’arriver à être conscient de la manifestation physique des émotions : une personne explique par exemple qu’elle a du mal à « les ressentir pleinement pour pouvoir les gérer et les exprimer », tandis qu’une autre souligne que « la plus grande difficulté est (…) de rester connecté à ce que je vis dans mon corps et la reconnaître. Mon nuancier d’émotions est très peu développé et j’ai beaucoup appris / utilisé l’adaptation ou la sur-adaptation ».

Pour la plupart des personnes, le ressenti est bien là, mais c’est au niveau de son interprétation que cela « coince » : quelqu’un remarque que l’émotion arrive avec une « soudaineté » qui « ne (lui) laisse pas le temps de l’identifier ». Un autre retour souligne : « Ma plus grande difficulté est d’être suffisamment claire sur ce que je ressens (…). J’ai perdu ma boussole interne et j’ai beaucoup de difficulté à mettre le juste mot sur l’émotion réellement ressentie (confusion ++) ».

La confusion peut se jouer entre plusieurs émotions : l’un d’entre vous détaille qu’il a du mal à « savoir exactement ce que je ressens », son éducation influençant « ce qui est soi-disant ok de ressentir ou de ne pas ressentir » : reconnaître ses émotions authentiques est parfois compliqué lorsqu’elles sont masquées par une autre, plus « acceptable ». L’émotion actuelle peut aussi être confondue avec d’autres, venant d’autres moments : une personne décrit très justement qu’elle a du mal à « replacer l’émotion dans son juste contexte du moment : ni altérée par les expériences passées, ni en anticipant un futur imaginé. »

Le but serait donc d’arriver à ressentir les émotions, puis à les nommer, avant de savoir quoi en faire. Au travers de toutes ces réponses apparaît aussi l’envie de « savoir prendre du recul », pour ne pas réagir trop vite, mal. L’envie d’être capable, au moins pour un temps, de « se détacher » des émotions, d’en « faire le tri », et de les « hiérarchiser ».

 

« Quelqu’un peut me passer un couvercle ? »

 

Deuxième difficulté : arriver à maîtriser ses émotions. Vous détaillez des stratégies compliquées, et très fatigantes, pour « ne pas montrer » vos émotions, les « cacher », les « maîtriser » en public, au minimum les « canaliser » pour garder « calme », « impassibilité ».
Et j’ai lu trois grandes justifications de ce choix :
. Pour protéger les autres : vous dites ne pas vouloir « faire ressentir » vos émotions aux autres, « les imposer » à votre entourage, ou « faire souffrir » les personnes qui vous entourent. Vous craignez de « blesser l’autre », et donc d’éprouver ensuite « un sentiment de culpabilité ».
. Pour protéger votre image : plusieurs d’entre vous parlent de ce besoin de masquer les émotions « pour ne pas montrer ses failles », « par pudeur » et/ou « par crainte du jugement », peur d’être « incompris ». En milieu professionnel, exprimer ses émotions serait « un aveu de faiblesse », ou un signe « que je n’ai pas la compétence » requise.

. Pour protéger son équilibre interne : un très grand nombre de personnes parlent de cette peur que les émotions « débordent », la peur d’être progressivement « envahi » jusqu’à « se sentir submergé ». La conséquence prévisible pour beaucoup d’entre vous : une « explosion » en sanglots ou dans des accès de rage. Cette « hypersensibilité » à ses propres émotions comme à celles des autres, est vécue comme une « fragilité », à laquelle il faut remédier sous peine de conséquences physiques douloureuses : fatigue, épuisement, tensions… ou même malaises pour certains !

 

« Quelqu’un peut me sortir de cette impasse ? »

 

Troisième difficulté : les émotions bloquantes. La colère, la peur et la tristesse sont les trois émotions que vous aimeriez supprimer.
. La colère est souvent liée à des « explosions », d’agressivité, de rage, voire de haine. Avec deux manifestations que vous constatez souvent (et parfois indépendamment) : en amont et pendant le cerveau qui « bugue », et en aval des sentiments de frustration et/ou de culpabilité. L’injustice est sans doute le facteur déclencheur que vous citez le plus souvent, avec le manque de reconnaissance, de respect et le sentiment de n’être pas « compris ».

Du coup vous espérez : « ne pas me mettre en colère », « canaliser ma colère », « ne pas monter dans les tours », « continuer à vivre sereinement ».
. La peur est l’émotion pour laquelle vous citez le plus de manifestations physiques (« gorge nouée », « voix qui tremble », « jambes qui flageolent », « diaphragme trop comprimé », voire « perte de connaissance »). Face à ces peurs, vous déplorez votre difficulté à demander de l’aide, du soutien.

. La tristesse est, comme la colère, qualifiée d’émotion « négative », qu’il faut arriver à « gérer », « maîtriser », « masquer » en particulier en milieu professionnel. De peur que la manifestation de cette émotion ne soit vue comme une « faiblesse » et que cela vous « joue des tours ». Et vous identifiez l’émotion et une de ses manifestations classiques, les larmes.

 

Les émotions sont nos alliées

 

Premier enseignement pour moi, ces trois axes se retrouvent dans quasiment tous vos retours, à un degré ou à un autre. Et je crois que le point commun entre eux, c’est un sentiment généralement négatif à l’égard des émotions. Elles sont vues comme un territoire mal connu, où l’on s’expose à des conséquences physiques souvent désagréables et parfois même douloureuses, à des dangers pour soi et éventuellement pour les autres.

Le but de mes prochaines chroniques, et plus encore de la formation que je suis en train de construire, ce sera de vous réconcilier avec les émotions, toutes vos émotions, en vous montrant qu’elles sont de précieux alliés qui continuent à nous proposer leur aide même si nous les rejetons encore et encore.

Dans ma chronique de la semaine prochaine, je répondrai à votre première difficulté : arriver à décoder les émotions. Et je vous proposerai donc des indicateurs physiques, cognitifs, et comportementaux, pour faciliter le travail d’identification des émotions.
. Si vous avez déjà répondu à ma question, mais que vous voulez me dire autre chose après avoir lu cet article…
. Si vous n’avez pas encore répondu à ma question et que vous avez envie de m’aider…
. Si vous connaissez quelqu’un qui pourrait m’apporter des éléments de réponse…
➡️ Voici le lien !

Encore un immense merci pour la richesse et de la précision de vos retours. Votre confiance et votre générosité sont des cadeaux magnifiques.

4 Commentaires

  1. Je pense comme toi que les émotions sont toutes bonnes car elles révèlent ce que nous vivons réellement sans le filtre et les circonvolutions de notre mental qui peuvent nous jouer des tours.
    Pour comprendre à mon avis ses émotions, il faut déjà essayer de les vivres. Par exemple la tristesse ne passe pas même si l’on comprend d’où elle vient. Une manière efficace en tout cas pour moi vient du dialogue intérieur. A savoir donner la parole a la sous personnalité qui a besoin de s’exprimer qui est généralement celle qui a été renié. Ex a force d’être par exemple “gentil” et de ne pas réagir à certains comportements qui nous gênent souvent lié à son enfant et son conditionnement, on étouffe la partie de nous qui a envie de nous protéger qui peut être le juge, ou le protecteur de notre enfant intérieur. Donc quand on sent que nous sommes en déséquilibre et que la colère par exemple commence à pointer, il faut donner la parole à la partie reniée, la faire parler souvent avec l’aide d’un facilitateur, pour lui montrer qu’on l’écoute, qu’elle a aussi sa place et du coup rééquilibrer l’ensemble du système. Un peu comme si vivait en nous une grande famille. Pour que cela soit harmonieux, il faut que chacun puisse avoir sa place !

    Réponse
    • Hello Michel !

      Merci pour ce long et riche commentaire. Je suis entièrement d’accord avec toi… pour ce qui est de certaines émotions refoulées, bloquées.

      Pour l’utilisation des émotions au quotidien, je pense que nous pouvons faire ce travail d’analyse par nous-mêmes et passer à l’action une fois le cap calculé !

      Qu’en penses-tu ?

      Abrazo,

      Aurélien

      Réponse
  2. super article, merci!

    Réponse

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