Après une – trop – longue pause, je continue la série de vidéos courtes où je vous propose de modifier des phrases « pièges », pour rendre votre communication plus simple et plus efficace. Si vous avez vous aussi repéré des phrases qui font dérailler le processus, envoyez-les moi !
Je vais vous lire quelques-unes des phrases que j’ai relevées dans les mails ou les conversations téléphoniques de ces dernières semaines :
. « Je ne pourrai pas participer à notre prochain call »
. « Je n’ai pas pu t’appeler plus tôt »
. « Je ne pourrai pas terminer le rapport à temps »
. « Est-ce que tu pourrais m’envoyer les infos avant la fin de la semaine ? »
. « Je ne vais pas pouvoir m’engager dans ce travail »
Vous voyez un point commun ? C’est bien sûr l’utilisation impropre du verbe « pouvoir ». En fait, ce que veulent dire les phrases que je vous ai citées, c’est :
. « Je ne serai pas à notre prochain call, je préfère être ailleurs »
. « Je n’ai pas voulu t’appeler plus tôt, j’ai fait le choix de faire autre chose avant »
. « Je ne veux pas terminer le rapport à temps parce que je veux terminer autre chose »
. « Je ne veux pas m’engager dans ce travail, parce que les conditions ne me conviennent pas »
Cela va peut-être vous sembler un peu « raide », certains diront même « trop dur » ! Pour moi, c’est plus juste, plus honnête, et surtout plus actif.
- C’est plus juste. Quand nous disons « je ne peux pas te parler maintenant », alors que c’est justement ce que nous sommes en train de faire, il y a une incohérence évidente. Nous faisons cela pour ne pas « heurter » les gens à qui nous nous adressons – mais vous croyez vraiment qu’ils vont être « blessés » parce que nous leur dirons la simple vérité ? « Je te rappelle tout à l’heure, je suis en réunion ».
- C’est plus honnête. Dire « je ne vais pas pouvoir terminer le rapport à temps » c’est un mensonge, poli peut-être, mais qui reste un mensonge. Mieux vaut assumer que j’ai pesé le coût et les avantages de faire le rapport que tu me demandes, et que je préfère par exemple rentrer chez moi m’occuper de mes enfants plutôt que de te faire plaisir. « Oui mais l’autre va se mettre en colère ! » Tant mieux ! C’est une énergie utile pour trouver une solution alternative.
- C’est plus actif. En répétant (parfois sans vous en rendre compte) que vous ne pouvez pas faire quelque chose, vous vous mettez dans une position passive, une position de victime, une pauvre petite chose qui subit. Cela va finir par avoir des conséquences sur votre image aux yeux de vos interlocuteurs comme aux vôtres. Passer à « je ne veux pas X » ou à « je veux Y », c’est affirmer que vous êtes une personne adulte, qui fait ses choix de manière raisonnée, et qui les assume dans sa communication.
Finalement, le nombre de choses qu’on ne peut pas faire est très limité… Si je viens de me casser la jambe, il est exact de dire « je ne peux pas courir le Marathon de Paris dans trois jours ». En revanche si tout va bien, mieux vaut dire « je n’ai pas envie de courir le Marathon de Paris cette année, et je vais commencer à m’entraîner pour le faire l’an prochain ! ».
En assumant vos choix dans vos phrases, vous allez instantanément dynamiser votre communication. Une des conséquences les plus frappantes et les plus utiles, c’est que vous allez aussi trouver des options. Par exemple si je dis : « je suis désolé, je n’ai pas pu accepter ce job », cela donne l’impression que c’est de ma faute, que c’est moi le problème, fin de l’histoire. Votre interlocuteur et moi-même avons une image de moi qui n’est pas très positive. Si maintenant je dis « je ne veux pas accepter ce job », tout de suite se pose la question « pourquoi ? ». Et je vais dire ce qui me manque, ce que je veux vraiment, pour in fine accepter ce job.
Si vous avez « peur » des réactions des personnes autour de vous, dites-vous bien que c’est à la fois vous respecter et les respecter que d’assumer vos choix, en abandonnant des phrases qui sont des manipulations. Vous ouvrez des possibilités, vous permettez la négociation. Donc testez, en commençant bien sûr par des cas simples ! Refaites vos phrases quand vous entendez un « je ne peux pas »… et vous constaterez que vos interlocuteurs auront des réactions tout à fait gérables !
Bien sûr, tous ceux qui se disent en ce moment « je ne pourrai jamais dire ça »… je vous répondrai que c’est votre choix !
Comme d’habitude, j’attends vos remarques, commentaires, félicitations (… ou pas) au bas de cette fenêtre ! À tout bientôt.
12 juin 2020 à 10h29
Est-ce la peine de se braquer aussi fermement sur l’enjeu communicationnel des termes : pouvoir – vouloir.
A se donner, ou à vouloir donner cette impression, à mon avis excessivement présomptueuse que nous maîtrisons tout, on se contraint à passer par le “je veux”. Il en devient une condition sine qua non de notre maîtrise, bien plus exigeante que la posture de vérité que tu mets en avant.
Je ne peux pas est une vérité de choix assimilé, une discretion délicate.
J’entends que son abus est épuisant et un signe de névrose potentielle. Mais l’inverse n’est pas moins vrai.
Ainsi je plaide pour un équilibre est une modestie bien maîtrisée entre vouloir et pouvoir.
12 juin 2020 à 12h54
Bonjour Cyril,
Je ne crois pas qu’affirmer ce que je veux soit “me braquer”. Je ne pense donc pas non plus que cela soit présomptueux, et encore moins donner l’impression que je maîtrise tout : en revanche, oui, je suis maître de mon désir, de mon envie, de ma volonté.
Précisément je ne peux pas est, dans l’immense majorité des cas, le signe d’un choix non assumé.
Et au final, ce que tu fais de tout ça, dans un équilibre qui te convienne… et justement entièrement ta liberté et ton choix !